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Dans la prison de Baabda, des détenues prêtes à reprendre leur destin en main
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Source : L’orient Le Jour – Liban 25 Octobre 2018

By : Zeina  Antonios

C’est dans la cour de la prison pour femmes de Baabda que trente détenues se sont vu délivrer hier des certificats, suite à leur participation à des sessions de formation professionnelle dispensées par l’association Dar al-Amal, qui milite en faveur des droits de la femme et de l’enfant. Une opportunité pour ces femmes, venant le plus souvent de milieux difficiles et ayant fait l’expérience de l’univers carcéral, pour se réinsérer en douceur dans la société, une fois leurs peines purgées.

C’est avec les larmes aux yeux que certaines des détenues ont récupéré leur diplôme, ce qui en dit long sur leurs souffrances derrière les barreaux. « Chacune d’entre nous a des souvenirs douloureux et effrayants qu’elle aurait souhaité oublier. Oui, nous avons commis des fautes, mais la plupart d’entre nous vivaient dans des conditions très difficiles. Les conditions dans lesquelles nous vivons aujourd’hui nous ont éloignées de nos familles et de nos enfants (…). Malgré cela, nous avons décidé de tirer profit de tout ce qui nous est offert pour nous réconcilier avec nous-mêmes et avec les autres », a déclaré une des détenues, lisant un communiqué au nom des prisonnières.

La cérémonie de remise des diplômes a eu lieu sous le patronage et en présence de la Première dame Nadia Aoun, du ministre des Affaires sociales Pierre Bou Assi, du colonel Jean Rizk qui représentait le directeur général des Forces de sécurité intérieure, du président de Dar al-Amal Habib Hatem et de la directrice de l’association Hoda Kara. Mme Aoun a effectué une tournée dans le bâtiment et visité les cellules, le dispensaire, la cuisine et l’atelier de travail des détenues.

« J’étais anéantie »

Mariam, la cinquantaine, a déjà passé 12 ans derrière les barreaux et s’apprête à quitter définitivement la prison dans 7 mois. « Dès que je sors, je vais allez me recueillir sur la tombe de mes parents. Ils me manquent », confie à L’Orient-Le Jour cette mère de quatre enfants. « Quand je suis arrivée ici, j’étais anéantie. Cette expérience a été douloureuse, mais elle m’a appris à avoir confiance en moi, souligne-t-elle. J’ai suivi toutes les formations dispensées par Dar al-Amal. J’ai juste peur qu’il m’arrive quelque chose ici et que je ne puisse pas revoir mes enfants. Je rêve de les réunir autour de moi une fois que je serai libre. »

C’est grâce à un partenariat entre Dar al-Amal, les FSI et le ministère des Affaires sociales que Mariam et les autres détenues ont pu être prises en charge au niveau psychologique, mais également dans le cadre de formations à divers métiers, telles l’esthétique, la coiffure, la couture, la fabrication de colifichets ou de savon. Autant de métiers qui devraient leur permettre de gagner leur vie de manière autonome après leur remise en liberté. Présente dans les prisons pour femmes de Baabda, Tripoli et Zahlé depuis 1996, Dar al-Amal a aussi permis à certaines prisonnières de suivre des cours d’informatique ou d’alphabétisation.

« Ces femmes ont souhaité dépasser leurs conditions sociales et saisir la chance qui leur a été offerte afin de changer leur vie, de prendre les choses en main et de se lancer dans le monde », a déclaré Habib Hatem lors de la cérémonie.

Hoda Kara a pour sa part appelé les autorités à construire un centre pénitentiaire type. « Il est impératif de bâtir une nouvelle prison. Ce n’est pas humain d’avoir 22 détenues dans une même cellule. Quelle que soit la raison pour laquelle ces femmes sont en prison, nous devons leur donner une chance de se réinsérer », a-t-elle déclaré à L’OLJ.

Interrogé, Pierre Bou Assi a pour sa part dénoncé le fait que très peu de moyens soient accordés par le gouvernement au ministère des Affaires sociales. « Comment voulez-vous vous attaquer à tous ces problèmes quand 1 % du budget est accordé au ministère ? Au Royaume-Uni par exemple, il peut atteindre 14 % ! a-t-il souligné. Cet état des choses est criminel, irresponsable et inconscient. » « J’aurais aimé finir mon mandat sur un projet de soutien aux familles des prisonniers. Malheureusement, les conséquences sont souvent dramatiques quand un des membres d’une famille est incarcéré. Ces familles sont souvent profondément blessées, d’où la nécessité de les prendre en charge », a-t-il ajouté.

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